Les Lumières !!!????

 

 

   

Le mot Lumières définit métaphoriquement le mouvement culturel et philosophique qui a dominé, en Europe et particulièrement en France, le XVIIIème siècle auquel il a donné, par extension, son nom de siècle des Lumières. Ils ont marqué le domaine des idées et de la littérature par leurs remises en question fondées sur la « raison éclairée » de l’être humain et sur l’idée de liberté. Par leurs engagements contre les oppressions religieuses, morales et politiques, les membres de ce mouvement, qui se voyaient comme une élite avancée œuvrant pour un progrès du monde, combattant l’irrationnel, l'arbitraire et la superstition des siècles passés, ont procédé au renouvellement du savoir, de l’éthique et de l’esthétique de leur temps. L’influence de leurs écrits a été déterminante dans les grands évènements de la fin du XVIIIe siècle que sont la Déclaration d'Indépendance des Etats Unis d'Amérique et la révolution française»

Le mouvement de renouveau intellectuel et culturel des Lumières, qui a touché tous les domaines du savoir, est connu, en anglais, sous le nom d’Enlightenmen, en allemand sous le nom d’Aufklärung, Ilustración en espagnol, Illuminismo en italien, Iŀlustració en catalan ou Titafawen en kabyle.

Révolution dans les sciences et programme de la philosophie des Lumières

Le mouvement des Lumières a été en grande partie un prolongement des découvertes de Copernic au XVIème siècle, peu diffusées sur le moment, puis surtout des théories de Galilée (1564 -1642). Une quête d’axiomes, de certitudes éprouvées, se poursuivit dans le mouvement du cartésianisme  tout au long du XVIIIème siècle.

Gotfried Wilhelm von Leibniz (1646-1716) développa les mathématiques et le calcul infinitésimal. Sa philosophie des monades se démarquait également de celle de Descartes. Les philosophes anglais, comme Thomas Hobbes etDavid Hume, adoptèrent une démarche empirique, mettant l’accent sur les sens et l'expérience dans l’acquisition des connaissances, au détriment de la raison pure.

Spinoza prit parti pour Descartes, surtout dans son Ethique. Il se démarqua pourtant de son aîné dans son Traité de la réforme de l'entendement, où il montra que le processus de perception  engage non seulement la raison, mais aussi les sens et l’intuition. La conception de Spinoza était centrée sur une vision de l’Univers où Dieu et la Nature ne font qu’un. Cette idée deviendra centrale au siècle des Lumières, depuis Newton (1642-1727) jusqu’à Thomas Jefferson (1743-1826).

Un changement notable fut l’émergence de la philosophie naturaliste à travers toute l’Europe, incarnée par Isaac Newton. Ses idées, sa réussite indéniable à confronter et assembler les preuves axiomatiques et les observations physiques en un système cohérent, source de prédictions, donnèrent le ton de tout ce qui allait suivre son exemplaire Philosophiae Naturalis Principia Mathematica.  Pour montrer le progrès entre l’Âge de la Raison et le mouvement des Lumières, l’exemple de Newton reste en effet indépassable, en ce que le scientifique utilisa des faits observés empiriquement, comme la dynamique des planètes de Johannes Kepler ou l'optique,  pour construire une théorie sous-jacente expliquant ces faits a priori : la théorie de la gravitation universelle.

 Ce mouvement correspond à l’unification d’un pur empirisme, comme celui de Francis Bacon et de l’approche axiomatique de Descartes (1596-1650).

 

La croyance en un monde intelligible ordonné par le dieu chrétien a représenté le plus fort élan du questionnement philosophique sur la connaissance. D’un côté, la philosophie religieuse se concentrait sur la piété, la toute-puissance et le mystère de la nature ultime de Dieu ; de l’autre, des idées telles que le déisme soulignaient que le monde était visiblement compréhensible par la raison humaine et que les lois le gouvernant l’étaient tout autant. L’image de Dieu comme « Grand Horloger » pénétra alors les esprits, tandis que les observateurs du monde prenaient conscience que ce dernier semblait bel et bien parfaitement ordonné et que, dans le même temps, on réalisait des machines de plus en plus sophistiquées et précises.

Cette constance à rechercher et énoncer des lois, à déterminer les comportements particuliers, fut également un élément important dans la constitution d’une philosophie où le concept d’individualité prévalait, en somme où l’individu avait des droits basés sur d’autres fondements que la seule tradition. On parle alors d’avènement du sujet  pensant, en tant que l’individu peut décider par son raisonnement propre et non plus sous le seul joug des us et coutumes. Ainsi, John Locke rédigea ses deux Traités du gouvernement civil dans lequel il avance que le droit de propriété n’est pas familial, mais totalement individuel et retiré du travail consacré au terrain concerné, ainsi que de sa protection face à autrui. Une fois l’idée émise qu’il y avait des lois naturelles et des droits naturels, il devenait possible de s’aventurer dans les domaines nouveaux qu’on appelle maintenant l’économie et la philosophie politique.

Dans son célèbre essai Was ist Aufklärung?, Emmanuel Kant donne des Lumières la définition suivante : « Les Lumières c’est la sortie de l’homme hors de l’état de tutelle dont il est lui-même responsable. L’état de tutelle est l’incapacité de se servir de son entendement sans la conduite d’un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l’entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s’en servir sans la conduite d’un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Voilà la devise des Lumières. »

Les Lumières se basent donc sur la croyance en un monde rationnel, ordonné et compréhensible, exigeant de l’homme l’établissement d’une connaissance également rationnelle et organisée. Cela commence par l’idée que les lois gouvernent, aussi bien les cieux, que les affaires humaines et que le pouvoir du Prince émane de la loi et non l’inverse. La conception de la loi en tant que contrat social  théorisée par Rousseau comme relation réciproque entre les hommes, plutôt qu’entre les familles ou des groupes, devint de plus en plus remarquable, accompagnée du souci de la liberté individuelle comme réalité imprescriptible - le seul droit tiré de Dieu. Le mouvement des Lumières créa ou réinventa donc les idées de liberté, propriété et rationalité, telles qu’on les connaît toujours aujourd’hui et telles qu’introduites dans la première philosophie politique : l’idée et le désir d’être un individu libre, liberté d’autant plus garantie que l’État assure la stabilité des lois.

Pour comprendre quels changements interviennent réellement entre « l’Âge de Raison » et le « mouvement des Lumières », la comparaison entre Thomas Hobbes et John Locke est une bonne approche. Hobbes, qui traverse les trois quarts du XVIIème siècle, a entrepris de classer de façon systématique les émotions humaines, ce qui l’amena à construire un système rigide garantissant par coercition la stabilité du chaos primaire - qui est la source de son travail (voir le Léviathan). À l’inverse, Locke voit en la Nature la source de l’unité et de tous les droits, que l’État doit s’assurer de reprendre et de protéger, non pas d’étouffer. Ainsi, la « révolution » culturelle entre les deux siècles fait intervenir la relation de l’homme à la Nature : on passe d’une vision noircie et chaotique, à une admiration de l’ordre naturel fondamental.

Critique de l’organisation sociale

Le mouvement des Lumières est, sur toute sa durée, le substrat de deux pressions sociologiques antagonistes : d’une part, une forte spiritualité accompagnée d’une foi traditionaliste en la religion et l’Église ; d’autre part, la montée d’un mouvement anticlérical critiquant les divergences entre théorie religieuse et pratique, qui s’est surtout manifesté en France.

Dans ce dernier pays, la société était subdivisée en trois ordres : la noblesse, le clergé  et le  tiers état. Ces ordres correspondaient à la subdivision héritée de la période médiévale : ceux qui combattent, ceux qui prient, et ceux qui travaillent.

L’unification politique de la France à la Renaissance avait eu pour conséquence qu’une fraction importante de la noblesse disposait de droits et de privilèges  sans rapport avec ses obligations militaires. D’autre part, une nouvelle classe apparaissait avec le développement des échanges commerciaux : la bourgeoisie, qui souhaitait davantage de liberté dans le domaine économique. Le peuple devenait sous-représenté dans le tiers état, par rapport à son importance numérique.

L’anticléricalisme ne fut donc pas la seule source de tension en France : certains nobles contestaient le pouvoir monarchique et la haute bourgeoisie souhaitait bénéficier des fruits de ses efforts. Les membres du haut clergé, notamment les chanoines, bénéficiaient à cette époque de prébendes disproportionnées par rapport à leurs responsabilités effectives. La libéralisation des mœurs engendrait la contestation de l’absolutisme et de l’ordre ancien. Le courant janséniste en France fut aussi, selon un historien américain, une source de division.

Dans ce contexte, le système judiciaire se révélait archaïque. Même si le droit du commerce avait été codifié au XVIIe siècle, le droit civil n’était pas unifié ni codifié.

Tel est l'arrière-plan social et juridique dans lequel s'exerce la critique et se développe la contestation, qu'un auteur comme Voltaire a pu incarner.

Exilé en Angleterre entre 1726 et 1729, il y étudie les travaux de John Locke, Isaac Newton (??) et la monarchie anglaise. Il se rend populaire par sa dénonciation des injustices (affaire Calas). Le milieu du XVIIème siècle correspond à l’apogée de la philosophie des Lumières

« Pour Voltaire, il est clair que si le Prince obtient du peuple qu’il croie en des choses déraisonnables, alors ce peuple fera des choses déraisonnables ». Ce constat simple a introduit ce qui devait être la principale critique faite aux Lumières, et que devait formuler la pensée romantique : la construction raisonnable crée autant de problèmes qu’elle en résout.

Selon les philosophes des Lumières, le point crucial du progrès intellectuel consistait en la synthèse de la connaissance, éclairée par la raison humaine, afin de créer une autorité morale qui serait seule souveraine. Le point de vue contraire se développa, mettant en avant le fait que de façon intrinsèque, ce processus serait corrompu par le poids des conventions sociales, montrant ainsi la « nouvelle vérité » raisonnable comme une mauvaise imitation de la Vérité immanente et insaisissable

Le mouvement des Lumières trouva alors un certain équilibre, entre l’appel à la liberté « naturelle » et la liberté de cette liberté, c’est-à-dire la reconnaissance d’une autonomie de la Nature face à la raison. Correspondent à ce stade les réformes de plusieurs monarchies, par l’intermédiaire de lois nouvelles allant dans le sens des sujets et d’une réorganisation parcellaire de la société. L’idée d’un ordre éclairé entre également dans la pensée scientifique avec, par exemple, le travail du biologiste Carl von Linné..

En Allemagne, Emmanuel Kant se montra critique à la fois par rapport aux prétentions de la Raison (critique de la raison pure), mais aussi à celles de l’empirisme anglais (critique de la raison pratique). Par rapport à la métaphysique très subjective de Descartes, le philosophe allemand souhaita développer une vision plus objective de cette branche de la philosophie.

Les grands penseurs de la fin du mouvement des Lumières (Adam Smith, Thomas Jefferson ou encore le jeune Goethe)  adoptèrent dans leurs pensées le schème, dérivé d’une métaphore biologique, des forces d’auto-organisation et d’évolution. L’achèvement des Lumières est alors pressenti, avec le constat suivant : le Bien est le fondement de la Nature, mais celle-ci n’est pas ordonnée par elle-même. Bien au contraire, c’est la raison et la maturité humaine qui doivent en trouver la constante structure, en retirer la stabilité naturelle. Le romantisme en prendra le contre-pied parfait.

 

              

L'influence de la Philosophie des Lumières dans les changements politiques

Dès la fin du XVIIème siècle, John Locke avait défini la séparation des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, Montesquieu reprit l’idée de séparation des pouvoirs et l’étendit à un troisième pouvoir, le pouvoir judiciaire dans De l'esprit des lois (1748).

Dans les années 1750, on tenta, en  Angleterre, en Autriche, en Prusse et en France,  de « rationaliser » les monarchies et leurs lois.

L’idée lumineuse d’un gouvernement « rationnel » s’incarna dans la Déclaration d'Indépendance américaine et, dans une moindre mesure, dans le programme des Jacobins  au cours de la Révolution française.  On peut citer également la Constitution américaine de 1787.

La Révolution française, en particulier, représente une application violente de la philosophie des Lumières, notamment lors de la brève période de pouvoir des Jacobins. Le désir de rationalité conduisit à une tentative d’éradiquer l’Église et le christianisme dans son ensemble ; ainsi, la Convention nationale changea le calendrier , système de mesure du temps, et le système monétaire, tout en plaçant l’idée d’égalité, sociale et économique, au plus haut point des priorités de l'Etat.

Convention nationale

En France, la Convention nationale est le nom donné à l’assemblée, par référence à l'exemple américain, qui succède officiellement à l’ Assemblée législative  et qui dura du  21 septembre 1792 au 26 octobre 1795. 

 La Convention assura le pouvoir exécutif de la Première République française après la déposition de Louis XVI la journée du 10 août 1792  et l'abolition de la royauté. La Convention est suivie par le Directoire de 1795 à 1799.

 

 

Changer le Calendrier

Calendrier républicain

 

Calendrier révolutionnaire.
 
Calendrier républicain de 1794, dessin de Louis-Philibert Debucourt
Exemplaire de calendrier républicain

Le calendrier républicain, ou calendrier révolutionnaire français, fut créé pendant la Révolution française  et fut utilisé de 1793 à 1805.

L’invention de ce calendrier se fit progressivement. Dès le lendemain de la prise de la Bastille (14 juillet 1789),l'usage était apparu d'appeler 1789 « l’an I de (l’ère de) la Liberté » ; les mois et jours étaient restés les mêmes, cependant. En l’an IV de l’ère de la liberté, le 22 septembre 1792, la Convention nationale  décréta que « Tous les actes publics sont désormais datés à partir de l'an I de la République ». C’est le 20 septembre 1793 que Charles-Gilbert Romme, rapporteur du groupe de travail nommé par le Comité d'instruction publique,  présente devant la Convention (le Comité lui-même ayant eu droit à une présentation six jours auparavant) ce qui deviendra bientôt le calendrier républicain. Après certains ajustements, il entra en vigueur à partir du lendemain du décret de la Convention Nationale du 14 vendémiaire an II (5 octobre 1793).

La nomenclature des mois et des jours continuera d’évoluer dans les mois qui suivirent. Le décret fut refondu le 4 frimaire an II  (24 novembre 1793), qui donna sa forme définitive au calendrier. Ce dernier décret abolit l'« ère vulgaire» pour les usages civils et définit le 22 septembre 1792 comme étant le premier jour de l'« ère des Français ». Pour les années suivantes, le premier jour de l'année serait celui de l'équinoxe vrai à Paris (ce qui tombait entre le 22 et le 24 septembre selon le calendrier grégorien). La première année commence avec l'an I, il n'y a donc pas d'année zéro.

Le 22 fructidor an XIII (9 septembre 1805), Napoléon signa le sénatus-consulte qui abrogea le calendrier républicain et instaura le retour au calendrier grégorien à partir du 1er janvier 1806.

Le calendrier républicain fut cependant réutilisé pendant 15 jours et uniquement dans le Journal Officiel lors de la Commune de Parie en 1871  (An LXXIX), puis par Mussolini en 1922. D'autre part, le philosophe grec Théophilos Kairis s'en inspira pour son calendrier théosébiste dans les années 1830.

La Révolution ayant fait de la France un État laïc, ce calendrier avait pour but d'effacer de la mémoire des français le calendrier grégorien étroitement lié au christianisme.

Structure

L'organisation du nouveau calendrier a été créée par une commission formée de Gilbert Romme et de Claude Joseph Ferry, qui demandèrent que Charles-François Dupuis  leur soit adjoint. Ils associèrent Louis-Bernard Guyton-Morveau, Joseph-Louis Lagrange, Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande, Gaspard Monge et Alexandre Guy Pingré à leurs travaux. Gilbert Romme fut le rapporteur de la commission, et c'est à ce titre que la création du calendrier républicain lui est généralement attribué.

L'année du calendrier républicain était découpée en douze mois de trente jours chacun (= 360 jours), plus cinq à six jours (selon les années) ajoutés en fin d'année pour qu'elle reste alignée avec l'année tropique (~365¼ jours). Chaque mois était découpé en trois décades de dix jours. La journée devait être découpée suivant le système décimal : « de minuit et minuit » : elle comportait dix heures découpées en dix parties elles-mêmes décomposables en dix parties, ainsi de suite « jusqu’à la plus petite portion commensurable  de la durée ». Cette division décimale de la journée ne fut jamais appliquée et abolie en 1795 (environ l'an III).

Les noms des mois et des jours furent conçus par le poète Fabre d'Eglantine avec l'aide d'André Thouin, jardinier du Jardin des Plantes du Muséum National d'Histoire Naturelle. Chaque nom de mois rappelle un aspect du climat français (décembre, nivôse, la neige) ou des moments importants de la vie paysanne (septembre, vendémiaire, les vendanges). De ce fait, ce calendrier que ses concepteurs voulaient « universel », était fortement lié à son pays d'origine et au poids économique que représentaient les activités agricoles à l'époque.

Les années sextiles

Le calendrier a produit des années sextiles (contenant six jours complémentaires) les années 3, 7 et 11, par ajout d’un jour à la fin de l’année, donc un sixième jour complémentaire. Ce jour s’appelait le "jour de la Révolution", qui marquait la fin d’une franciade et qu’on célébrait comme une fête nationale.

On a aboli le calendrier en XIV. Mais les avis diffèrent sur l'évolution future des années sextiles si le calendrier était resté en vigueur. Il y a trois hypothèses :

  • Selon certains, les années sextiles auraient continué tous les quatre ans (donc les années 15, 19, 23, 27...).
  • Selon d'autres, l’année sextile aurait sauté de l’an 15 à l’an 20, date à partir de laquelle toutes les années sextiles seraient tombées une année divisible par quatre (donc en 20, 24, 28...). Ce saut aurait simplifié les conversions entre calendriers républicain et grégorien puisqu'il y aurait eu concordance : par exemple l'ajout d’un jour le 29 février 1812  se compense quelques mois plus tard par l’ajout du jour de la Révolution an 20. Le déséquilibre ne persiste donc que quelques mois au lieu de durer plus d'un an.
  • Selon une troisième opinion, les années sextiles continueraient à varier afin d’assurer que le 1er vendémiaire tombe chaque année sur l’équinoxe automnal, comme c’était le cas de l’an I  à l’an XIV. 

 

 

Débats sur le calendrier grégorien

Si le principe de l'ajustement grégorien n'a pas été remis en cause, il n'en est pas de même de sa structure interne.

En France, les critiques portèrent sur ses liens avec le christiannisme, au travers de l'ère chrétienne, des fêtes religieuses, et des références aux saints dans les agendas. Les agendas étaient en effet à l'époque l'un des principaux moyens d'information dans les campagnes françaises.

Cela a motivé quelques projets de calendriers laïques comme par exemple le calendrier républicain de la Révolution française. À la différence du système métrique, celui-ci avorta rapidement.

Un autre projet de calendrier laïque (le calendrier fixe) a été proposé par Auguste Comte: le calendrier positiviste. Celui-ci n'a pratiquement pas été utilisé en dehors de Comte et de quelques disciples.

D'autres critiques visent la construction même du calendrier :

  • mois de longueur variable (de 28 à 31 jours) qui complique par exemple l'analyse des statistiques économiques ;
  • correspondance difficile entre le nom des jours et leur numéro dans le mois ;
  • durée des trimestres (le deuxième trimestre étant par exemple plus court que le troisième) ;
  • nombre de semaines (4,33) par mois ;
  • variation de la date de certains jours fériés comme Pâques.

Mais ces originalités ne sont pas liées aux choix humains, le calendrier essaie simplement de suivre l'année astronomique. Elle ne comporte pas un nombre entier de jours et les périodes estivale et hivernale ont 7 jours d'écart de durée. Le cycle lunaire n'est pas fixe lui non plus. Néanmoins, il faut bien un nombre de jours entiers dans une année pour s'y retrouver et suivre la durée des jours (lever du Soleil).

La durée des mois avait été choisie de façon à correspondre approximativement à un cycle lunaire. Ainsi, même une population non lettrée pouvait savoir à peu près, en observant le changement d'aspect de la lune, quand un mois s'était écoulé ; la référence à la lune était importante pour les marins (pour connaître les marées) et pour les agriculteurs (travaux nocturnes dans les champs) d'une population majoritairement rurale.

Si aujourd'hui ce lien n'est plus évident dans une civilisation urbaine, la grande majorité des réformes du calendrier tente de conserver un mois d'environ une lunaison.

Au cours des trois derniers siècles, d'autres propositions de réformes ont été avancées. Les plus connues furent les propositions de calendrier universel et de calendrier fixe. Au cours du XXème siècle, la Société des Nations puis l'Organisation des Nations Unies menèrent des études pour réformer le calendrier. Celles-ci furent abandonnées sous la pression de pays comme les Etats Unis, le Royaume-Uni, les Pays Bas ou l'Indonésie, officiellement pour ne pas désorganiser les traditions religieuses.

 

À l'approche de l'an 2000, lorsqu'il s'est agi d'adapter les systèmes informatiques qui étaient affectés par le bogue de l'an 2000,  via la date système et les algorythmes de datation employés dans les programmes informatiques, la question s'est posée entre les autorités de différentes religions, de savoir quel calendrier était la référence. À l'issue d'un débat tenu aux États-Unis, il a finalement été décidé de conserver, par souci de simplificité, le calendrier grégorien.

 

 La Lumière Sainte du Saint Tombeau de Jésus Christ donnée à Pâques et qui illumine et ne brûle pas, est donnée selon l'ancien calendrier julien.

 Réforme grégorienne

 Articles détaillés : Calendrier grégorien et Passage au calendrier grégorien.

Le calendrier julien fut d'utilisation commune en Europe et en Afrique du nord depuis l'époque de l 'Empire romain jusqu'en 1582, lorsque le pape Grégoire XIII     promulgua le calendrier grégorien. Cette réforme était rendue nécessaire par l'excès de jours intercalaires du système julien par rapport aux saisons astronomiques. En moyenne, les solstices et les équinoxes avancent de 11 minutes par an par rapport à l'année julienne. Hipparque et peut-être Sosigène avaient déjà pris conscience de ce problème, mais il ne fut visiblement pas jugé important à l'époque de la réforme julienne. Cependant, le calendrier julien se décale d'un jour en 134 ans. En 1582, il était décalé de dix jours par rapport aux phénomènes astronomiques, une complication problématique pour le calcul de la date de Pâques, laquelle est fondamentale dans le calendrier liturgique chrétien et qui doit se produire après l'équinoxe vernal.

Le calendrier grégorien fut rapidement adopté par les pays majoritairement catholiques (Espagne, France, Pologne, Portugal, la majeure partie de l'Italie, etc.) : en France, par exemple,Henri III fit suivre le dimanche 9 décembre 1582 par le lundi 20 décembre 1582. Les pays protestants suivirent plus tard et les pays orthodoxes encore après. Dans l'Empire britannique, le 2 septembre 1752 fut suivi du 14 septembre 1752. Entre 1700 et 1712, la Suède utilisa un calendrier julien modifié,  et adopta le calendrier grégorien en 1753. La Russie utilisa le calendrier julien jusqu'en 1918 (aux termes d’un décret du Conseil des commissaires du peuple du 24 janvier 1918 et conformément auquel un décalage de 13 jours sur le calendrier traditionnel, julien, était décrété. Ainsi, le 31 janvier 1918 fut-il suivi non pas du 1er mais du 14 février), après la révolution bolchévique et la Grèce  jusqu'en 1923. Les deux calendriers continuèrent à s'écarter pendant cette période : en 1700, la différence passa à 11 jours, à 12 en 1800, et 13 en 1900, valeur qu'elle conservera jusqu'en 2100.

Si tous les pays orthodoxes (la majeure partie en Europe de l'Est et du Sud-Est) ont adopté le calendrier grégorien avant 1927, ce n'est pas le cas de leurs Églises nationales. En mai 1923, un synode à Istambul proposa un calendrien julien révisé,  constitué d'une partie solaire identique au calendrier grégorien (et qui le restera jusqu'en 2800) et d'une partie lunaire calculant la date de Pâques par observation astronomique à Jérusalem. Toutes les Églises orthodoxes refusèrent la partie lunaire ; presque toutes les Églises orthodoxes actuelles continuent de célébrer Pâques suivant le calendrier julien (l'Eglise orthodoxe de Finlande utilise le calendrier grégorien).

La partie solaire du calendrier julien révisée ne fut acceptée que par quelques Églises orthodoxes, dans l'espoir d'un meilleur dialogue avec l'Église d'Occident : le patriarcat oecuménique de Constantinople, les patriarcats d' Alexandrie et d'Antioche, les Églises orthodoxes de Grèce, Chypre, Roumanie, Pologne, Bulgarie (en 1963) et Amérique (certaines paroisses de cette dernière ont toujours le droit d'utiliser le calendrier julien). Les Églises orthodoxes de Jérusalem, Russie, Macédoine, Serbie, Géorgie et Ukraine continuent d'utiliser le calendrier julien (ainsi que certaines Églises schismatiques, vieilles-calendaristes).Elles fêtent par exemple la 25 décembre julien, c'est-à-dire le 7 janvier grégorien jusqu'en 2100. Certaines paroisses occidentales de l'Eglise orthodoxe russe  célèbrent la Nativité le 25 décembre géorgien, ainsi que celles du Diocèse orthodoxe bulgare en Amérique, avant et après le transfert en 1976 de ce diocèse de l'Eglise orthodoxe russe hors frontières à l'Eglise orthodoxe en Amérique.

 

Usage actuel

En dehors de certaines Églises orthodoxes, le calendrier julien est toujours utilisé en Afrique du Nord, chez les Berbères. Le calendrier berbère est utilisé dans un but agricole. Le premier jour de l'année correspond actuellement au 14 janvier du calendrier grégorien.

 

 

Créer un site internet avec e-monsite - Signaler un contenu illicite sur ce site