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Suite III Glossolalie

 Le Monde diplomatique

ArchivesJanvier 2008

De la lutte contre la pauvreté et le sida à l’affairisme

Le lobby évangélique à l’assaut de l’Ouganda

En Ouganda, les Eglises évangéliques sont devenues une force politique. Influentes dans les cercles de pouvoir, elles prêchent une prospérité miraculeuse et jouent de la faillite de l’Etat pour investir le champ social. Le cessez-le-feu signé avec la rébellion de l’Armée de résistance du Seigneur en août 2006 leur a ouvert le nord du pays. Cependant, leur affairisme est de plus en plus critiqué, tout comme leur moralisme étriqué, qui fait régresser la lutte contre le sida.

Par Anouk Batard

« C’est grâce à Dieu que je suis sorti de la pauvreté et possède désormais un avion privé », s’exclame le télévangéliste américain Creflo A. Dollar devant la foule massée au stade de Kampala (Ouganda), en ce mois de juin 2007. « Pour réussir, il faut avant tout devenir évangéliste. (...) Vous devez aussi avoir confiance en Dieu (...), épargner, faire des projets d’avenir et écouter le Saint-Esprit », ajoute ce millionnaire aux milliers de fidèles, qui rétorquent immédiatement : « Amen ! »Son show, accompagné de musique et de danse, s’inscrit dans une « croisade contre la pauvreté » annoncée à grand renfort de publicité par des affiches et des casquettes à son effigie ou floquées « I love Jesus ».

Accueilli quelques heures plus tôt en grande pompe à l’aéroport par le pasteur Robert Kayanga (lire « Pasteur superstar »)et par le ministre de l’éthique et de l’intégrité Nsaba Buturo, le prêcheur profitera de son séjour pour rencontrer des centaines de pasteurs locaux, de nombreux parlementaires, des membres du gouvernement et de la famille présidentielle. Un dîner d’affaires sera même organisé en son honneur dans l’hôtel le plus luxueux de Kampala.

Le voyage médiatique de M. Dollar est symptomatique de l’évolution du christianisme évangélique en Afrique de l’Est : ce courant spirituel, et en particulier sa branche la plus visible (le pentecôtisme), dérive entre affairisme « décomplexé » et lobbying politique sur fond de désespérance sociale. Essentiellement composé d’obédiences pentecôtistes et charismatiques (1), le mouvement dit « du réveil » a explosé en l’espace de deux décennies. Pour la première fois, le recensement effectué en 2002 en Ouganda fait des pentecôtistes une catégorie à part du protestantisme traditionnel : ils représenteraient 4,6 % de la population.

Mais les évangélistes, de quelque chapelle qu’ils se réclament, sont bien plus nombreux. D’une part, beaucoup d’entre eux font toujours officiellement partie de l’Eglise anglicane : sur 35,9 % de protestants, un tiers se dit born again christian (2). D’autre part, l’Eglise catholique, qui représente 41,9 % de la population (3), a intégré une branche charismatique afin de pallier l’érosion de ses fidèles. On peut finalement estimer qu’environ cinq millions d’Ougandais – soit un habitant sur six – sont chrétiens évangéliques (4).

Activité spirituelle
et assistance matérielle

Le pentecôtisme a fait son apparition en Ouganda dans les années 1960 par l’intermédiaire d’évangélistes anglo-saxons. Déjà sensibles au « réveil » est-africain des années 1930, les masses sont conquises par ce culte basé sur l’émotionnel et la croyance aux miracles que la fin du règne d’Idi Amin Dada en 1979 va encore favoriser (5). Depuis, les « croisades » – ainsi que les évangélistes les nomment eux-mêmes – se succèdent dans les stades, et les congrégations aux noms insolites poussent comme des champignons : Assemblée de Dieu, Eglise de la vie, Eglise de la victoire, Palais de la prière, Eglise internationale de la destinée, Ministère du combat spirituel, Centre évangélique de guérison...

L’explosion évangélique actuelle, significative depuis les années 1990, est essentiellement urbaine. Les congrégations transforment hangars, garages, magasins, écoles, anciennes salles de cinéma et discothèques en lieux de prière, où accourent en masse les plus pauvres, qui se rassemblent encore dans des structures délabrées et poussiéreuses. Récemment, des chapelles ont aussi émergé parmi les classes moyennes : universitaires, hommes d’affaires, cadres, hauts fonctionnaires et politiques viennent taper dans les mains. Même l’une des filles du président, Mme Patience Rwabwogo, a ouvert sa propre paroisse.

Jusqu’alors essentiellement urbain, le mouvement s’étend. Avec la paix annoncée dans le nord du pays (6), les « croisades » des pasteurs locaux et occidentaux y sont devenues quasi hebdomadaires. Des missions évangéliques s’introduisent dans les écoles, hôpitaux, centres des migrants de la nuit (7), centres de réinsertion et camps de déplacés, où elles allient activité spirituelle et assistance matérielle et psychologique, distribuant d’un même geste bibles et couvertures. « Les camps de déplacés, où sont rassemblées deux millions de personnes vulnérables et désespérées, sont une aubaine pour ces nouvelles Eglises », estime le père Luis Domingo, de la mission catholique de Kitgum. Mais cette mouvance fera-t-elle autant d’émules une fois que la population sera réinstallée dans les villages, pourra cultiver et répondre ainsi à ses besoins ?

Dans cette région particulièrement touchée par la guerre, seules deux radios existent, dont une évangéliste. A part les informations de la British Broadcasting Corporation (BBC), Peace Radio diffuse de la musique purement chrétienne, ainsi que des programmes d’éducation et d’évangélisation. Elle est financée par une église pentecôtiste et par Childcare. Cette organisation non gouvernementale (ONG) évangélique, dirigée par une Australienne, emploie trois cent cinquante Ougandais born again, gère déjà cinq écoles, où elle accueille six mille cinq cents enfants, et prévoit de lancer une chaîne de télévision.

En investissant le champ social et humanitaire pour pallier les carences de l’Etat, les évangélistes multiplient les dons et le nombre de convertis. Tous les mois, une cinquantaine de nouvelles organisations basées sur la foi sont inscrites sur le registre des ONG. Au moins trois mille sont actives dans le pays (8). La plupart sont affiliées à des Eglises anglo-saxonnes et ont monté des orphelinats. A la tête de Back to the Bible, l’apôtre Alex Mitala joue ainsi les Moïse en bottes de cow-boy : « Le prosélytisme, c’est magnifique ! Les gens ont besoin d’être transformés », s’exclame-t-il. Maniant la bible comme un manuel scolaire, il forme des pasteurs, dirige le Mouvement à la gloire de la virginité et accueille près de mille cinq cents enfants démunis dans des écoles et orphelinats.

Cette organisation tentaculaire est loin d’être une exception. En 2006, la branche ougandaise de l’Entreprise évangélique africaine a consacré la quasi-totalité de son budget de 3 milliards de shillings (1,5 million d’euros) à l’action sociale. « C’est une autre façon d’évangéliser. Quelqu’un qui a faim n’est pas en mesure d’entendre la Bonne Nouvelle », explique M. Geffrey Byarubaga, chef d’équipe. M. Gary Skinner, le pasteur canadien de l’Eglise pentecôtiste de Kampala, a lui aussi créé son ONG, Watoto (9), qui s’occupe pour l’instant de mille cinq cents enfants mais souhaite atteindre le chiffre de dix mille. Le but affiché : « Eduquer la prochaine génération de dirigeants (...) afin que chaque enfant devienne un chrétien responsable et un citoyen ougandais productif. »

Les pasteurs ougandais sont régulièrement en contact avec les leaders politiques, mais ils se gardent bien de rendre publique la nature de leurs échanges. A la tête de la National Fellowship of Born Again Christian Churches, une organisation qui chapeaute près de quinze mille églises évangéliques, dont 95 % de pentecôtistes, M. Mitala ne s’en cache pas : « En tant que prophètes, nous, les pasteurs évangéliques, conseillons le gouvernement en privé. Pas question pour nous de manifester dans la rue ou de passer par les médias. Nous sommes en communication directe avec les plus haut placés. » Campé dans un canapé en cuir posé sur une épaisse moquette rose, l’homme poursuit le plus naturellement du monde : « Nous adoptons une démarche non pas politique mais prophétique, comme Moïse. Or les prophètes ne rendent jamais compte publiquement de leurs interactions avec les dirigeants. »

Les évangélistes détiennent déjà nombre de postes-clés au sommet de l’Etat, notamment à la direction générale des impôts, à la direction générale des investissements, au sein de l’armée, des services de sécurité, et dans les médias. La religion investit l’espace public. La limite entre politique et spiritualité se fait de plus en plus ténue. Les évangélistes ont accru leur influence grâce à un puissant canal de lobbying : Mme Janet Museveni, l’épouse du chef de l’Etat, elle-même born again, devenue députée en 2006. En outre, depuis cette date, un tiers des parlementaires sont chrétiens évangéliques. Une situation qui assure un écho certain à leur idéologie moraliste : antitabac, antialcool, antihomosexualité, antipréservatif. Virulente sur le plan moral, cette nouvelle force se fait remarquer par son silence au sujet des questions sociales ou environnementales.

De quoi inquiéter les militants des droits de la personne, aux premiers rangs desquels ceux qui travaillent dans le domaine sanitaire. Alors que, dans les années 1990, la baisse des taux d’infection du VIH avait fait de l’Ouganda un modèle africain en matière de lutte contre le sida, la tendance s’inverse. Beaucoup imputent ce revirement au plan d’urgence de prévention et de traitement des malades du sida (President’s Emergency Plan for Aids Relief, Pepfar) lancé par les Etats-Unis en 2003, qui se focalise sur l’abstinence sexuelle et rejette les préservatifs (10). Mme Beatrice Were, d’ActionAid Uganda, s’insurge : « Avec le programme Piascy [Présidential Initiative on AIDS Strategy for Communication to Youth]financé par les Etats-Unis, finie l’éducation sexuelle des jeunes. A l’école, on ne leur parle que d’abstinence. »

Bénis soient les riches !

Tous les samedis soir, un pasteur organise avec des étudiants un véritable show médiatique intitulé « Prime time », agrémenté de hip-hop et de rhythm and blues à la gloire de Jésus. Le show se conclut par des sketches où le pasteur Martin Sempa, alias Dr Love, conseille les étudiants pour leur vie sexuelle. Tout est prétexte à stigmatiser les homosexuels, bannir l’avortement et chanter les louanges de l’abstinence avant le mariage.

C’est assurément lors de la présidentielle de 2006 que les dirigeants born again ont conquis visibilité et reconnaissance. Alors que les chrétiens traditionnels critiquaient la décision de M. Yoweri Museveni de modifier la Constitution afin de pouvoir briguer un troisième mandat, les born againorganisaient des rassemblements de soutien à sa candidature. Sans véritablement adhérer à leurs idées, le chef de l’Etat ougandais – au pouvoir depuis 1986 – a su mettre à profit la popularité des pasteurs évangéliques qui, à leur manière, défendent comme lui l’esprit d’entreprise. L’ancien président marxiste, converti au néolibéralisme, a fait de son pays un élève modèle du Fonds monétaire international (FMI). Investisseurs privés et nouvelles Eglises profitent alors pleinement de ce champ libre tout en reprenant à leur compte les principes du nouveau modèle économique.

Les évangélistes ne cessent ainsi de prendre la parole quand il s’agit de promouvoir le gospel de la prospérité, qui voit dans la richesse un signe de bénédiction divine. « C’est une façon de manipuler les consciences pour rendre les pauvres responsables de leur situation, réprouve le père Carlos Rodriguez. Dans ce pays d’Afrique où le capitalisme est le plus ancré, où les travailleurs n’ont aucun droit et où les investisseurs sont totalement libres, la religion est utilisée pour justifier pauvreté et injustice. »Les fidèles entrent en transe dans l’attente d’un miracle qui les sortira de la misère. Voici le fonds de commerce des évangélistes, à l’image du télévangéliste américain Benny Hinn, invité par Mme Museveni et acclamé par cent mille personnes lors de sa récente « croisade aux miracles ». Organisée à Kampala, cette opération était retransmise mondialement et en direct via la chaîne de télévision américaine God TV. « Semez votre graine [pécuniaire] et Dieu vous la rendra au centuple. » Son mot d’ordre a de quoi plaire aux défenseurs du néolibéralisme triomphant.

Beaucoup de pasteurs quittent leur Eglise d’origine pour ouvrir des « maisons de Dieu » en leurs noms propres. Et, de la même façon que les entreprises se battent pour allonger la liste de leurs clients, les bergers évangéliques entrent en concurrence pour attirer le plus de fidèles possible. Objectif : « Maximiser les profits », dénonce M. David Kyeyuni, de la Conférence épiscopale ougandaise. Certains adaptent l’« offre » en fonction du montant offert : avec 10 000 shillings (5 euros), vous vous contenterez d’une prière collective organisée par un pasteur de second rang ; une prière personnelle proférée par le prophète en titre coûte 50 000 shillings ; et pour qu’il vous conseille, il faut compter 100 000 shillings. Un commerce basé sur la dîme a ainsi vu le jour (11). En privé, les tenants des religions traditionnelles et les militants pour les droits de la personne comparent ces nouvelles Eglises à des entreprises, dont « les bénéfïces sont perçus par le propriétaire, c’est-à-dire le pasteur, et jamais redistribués à la communauté. C’est un véritable business qui fait son beurre sur la misère et le désespoir de la population et accentue l’écart entre pauvres et riches ». Un nouveau marché jugé a fortiori déloyal puisque les collectes d’argent et les donations sont exemptées de taxes, tout comme les produits dérivés vendus à foison (cédéroms, DVD, livres, casquettes, etc.).

Une compétition effrénée s’est engagée entre les pasteurs : une course à la villa la plus luxueuse, à la voiture la plus chère, aux plus impressionnants gardes du corps et aux relations les plus prestigieuses aux Etats-Unis. Car la plupart des financements viennent de là-bas, sous les auspices d’un président George W. Bush ouvertement pentecôtiste. La plupart des pasteurs ougandais visitent régulièrement des églises de la bible belt, cette vaste zone du Sud américain à la très forte tradition évangélique. Des partenariats se développent aussi avec des confréries canadiennes, australiennes, sud-africaines, britanniques, etc. En outre, certaines organisations évangéliques reçoivent des dons de compagnies et de dirigeants ougandais.

Cible favorite de ces nouveaux adeptes du marketing : les jeunes. Cette catégorie de la population à la démographie exponentielle et en proie aux plus forts taux de chômage (près de 40 % à Kampala) est attirée par ces églises aux allures de discothèque où l’on peut danser gratuitement, exprimer ses talents de musicien, trouver mari ou femme, et s’entendre promettre la réussite : bourses d’études, visas pour l’Occident et emplois. Se convertir peut d’ailleurs permettre de signer un contrat de travail dans l’un des innombrables ministères évangéliques qui requièrent une lettre de recommandation signée d’un pasteur.

L’élan de religiosité est lié à deux problèmes, analyse Mme Sallie Kayunga Simba, professeure de sciences politiques à l’université Makerere, à Kampala. L’un est sanitaire ; l’autre, économique. Il n’est pas surprenant qu’une population désespérée de voir s’agrandir l’écart entre riches et pauvres se tourne vers Dieu. Avant, la pauvreté était équitablement répartie ; maintenant, les disparités sont profondes. Ce qui crée une tension. D’autre part, l’épidémie de sida fait son apparition au tout début des années 1980 sans que personne ne soit en mesure d’en donner une explication ni d’y trouver une solution. Le sida arrive donc comme du pain bénit pour les évangélistes. Fondé sur la croyance en des guérisons divines, leur message d’espoir trouve un écho immédiat.

Cependant, les évangélistes pourraient bien être à leur tour victimes du système dans lequel ils s’inscrivent. Les critiques commencent à poindre. « N’importe qui peut se réveiller un matin, fonder une Eglise ou une structure caritative religieuse et obtenir le statut d’ONG, comme le demande la loi ougandaise », constate une fonctionnaire attachée au bureau chargé d’agréer les ONG. « Bien que beaucoup soient soupçonnées de cacher des objectifs sectaires et/ou lucratifs, nous n’avons aucun moyen de les contrôler. »D’où des secrets bien gardés. Le pasteur Kayanga déclare ainsi que le montant du budget du Centre des miracles relève de l’« information interne ». Les confréries évangéliques s’entourent d’autant plus aisément d’une aura de mystère qu’elles ne sont régies par aucune autorité centrale et ne rendent de comptes à personne.

La presse locale se fait régulièrement l’écho des abus de certains pasteurs : morts mystérieuses, sacrifices humains, violences sexuelles, trafics de personnes, enlèvements, extorsions de fonds, abus de confiance... Un quotidien national a pu titrer : « Dieu a-t-il besoin de votre voiture ? » (12). Il relatait l’histoire d’une femme qui avait offert son véhicule à son pasteur dans l’espoir d’être guérie du sida. Constatant que son état de santé ne s’améliorait pas, elle le lui a réclamé. Et le pasteur de rétorquer qu’elle l’avait sacrifié à Dieu, avant de lui réclamer la modique somme de 2 millions de shillings (près de 1 000 euros) pour rendre le véhicule. Ce qu’elle refusa.

Les scandales se multiplient, révélant un marché de la foi en proie à des pratiques mafieuses. De fait, la méfiance de la population grandit. Ce qui inquiète particulièrement le pasteur Moses Solomon Male, lui-même chrétien évangélique. Selon lui, beaucoup de pasteurs pentecôtistes usent de la sorcellerie en s’inspirant du Ghanéen John Obiri Yeboah, prophète autoproclamé venu en Ouganda dans les années 1970 et 1980. M. Male qualifie ces mouvements de sectes et exige du gouvernement qu’il mette fin à leur impunité, surtout après le suicide collectif de plus de cinq cents personnes en 2000, impliquant un groupuscule millénariste.

La vague évangélique serait-elle éphémère ? Les pasteurs idolâtrés dans les années 1990 ne sont plus tout à fait au goût du jour. De nouvelles figures, plus proches du pouvoir, leur ont volé la vedette. « Aller à l’église perd tout son sens. Le but est maintenant d’y rencontrer des personnalités haut placées qui permettront de signer de juteux contrats d’affaires », déplore M. Joshua Kitakule, du Conseil interreligieux ougandais. Perdus, les chrétiens du pays ne savent plus à quel saint se vouer : « Les gens se rendent à l’église comme ils vont faire leurs courses : on prie chez tel pasteur car il prend en charge les frais de scolarité ; on sème une graine chez tel autre pour sa réputation de guérisseur, et on va se marier chez un troisième », décrit le pasteur Male, qui craint que le mouvement du réveil ne succombe à ce désordre. « Je me bats pour mettre un terme à cette débauche des pasteurs. Sinon, les gens vont déserter les églises, s’éloigner de Dieu, et l’Ouganda deviendra athée... Comme chez vous là-bas. »

Anouk Batard.

ArchivesJanvier 2008

Le lobby évangélique à l’assaut de l’Ouganda

Pasteur superstar

Un jour de 1979, du haut de ses 17 ans, M. Robert Kayanga entre en communication avec Jésus-Christ et l’accepte comme son sauveur. C’est ainsi que le jeune Ougandais issu d’une famille protestante traditionnelle devient born again. Fort de cette renaissance, il part suivre des études bibliques aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Quatre ans plus tard, il parcourt écoles et marchés de son pays natal pour y prêcher. En quelques mois, des milliers de fidèles, veuves et orphelins pour les trois quarts, se rassemblent autour de lui. Aujourd’hui à la tête de mille quatre cents églises, il est l’un des plus célèbres pasteurs ougandais.

Vingt-cinq mille personnes viennent danser et crier leur foi lors des cinq services dominicaux qu’il tient dans sa mégacathédrale, le Centre des miracles. Inauguré en 2004 par le président Yoweri Museveni en personne, l’édifice, d’une valeur de 11,1 millions de dollars (7,6 millions d’euros), se situe dans un quartier populaire de Kampala, capitale de l’Ouganda, en lieu et place du manguier sous lequel M. Kayanga a fait ses débuts de prêcheur.

Pasteur à plein temps, il s’est enrichi sans avoir quasiment jamais travaillé et adopte un mode de vie semblable à celui d’une superstar américaine. Adepte des vols en première classe, il se fait escorter par des gardes du corps de l’armée nationale, possède plusieurs voitures de luxe, se construit une villa du type de celles de Beverly Hills au bord du lac Victoria, et compte bientôt acquérir un jet privé. Ce qui ne l’empêche pas de solliciter auprès de ses fidèles un soutien financier lui permettant de se rendre aux quatre coins du monde pour établir des partenariats avec d’autres évangélistes ou encore d’organiser des « croisades » en Ouganda. C’est ainsi qu’il a invité l’Américain Creflo A. Dollar tous frais payés : 800 millions de shillings (400 000 euros) ont été récoltés localement pour sa venue.

Confortablement installé sur un fauteuil de style Empire, M. Kayanga raconte qu’il a changé d’optique. Nul besoin de devenir politicien ou homme d’affaires pour s’extirper d’une pauvreté qu’il mettait sur le compte de l’engagement de son père comme modeste prêtre au sein de l’Eglise anglicane. Accessible à n’importe qui déclarant avoir eu une vision, le statut de pasteur constitue désormais l’ascenseur social le plus en vogue en Ouganda et permet de s’introduire dans les cercles du pouvoir. Avec le soutien de la plus célèbre born again du pays, la première dame Janet Museveni, nombre de bergers évangéliques sont en interaction régulière avec la présidence du pays.

Anouk Batard.

En 2006, l'Algérie promulguait une loi prévoyant deux à cinq ans de prison et des amendes contre «qui incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion». Deux ans plus tard, la répression touche un grand nombre de catholiques et de protestants, notamment évangéliques. La liberté de conscience est pourtant inscrite dans la Constitution du pays. Le ministre des Affaires religieuses, Bouabdellah Ghlamallah, s'explique.
La Vie. Pourquoi cette loi ?
Bouabdelah Ghlamalah. Je fais bien la différence entre les catholiques, d'une part, dont la présence est ancienne, et qui se sont intégrés à la société, et les évangéliques, d'autre part, qui n'ont pas les mêmes méthodes. Ceux-ci instrumentalisent la religion à des fins politiques. Nous avons déjà vu les conséquences néfastes d'une telle instrumentalisation avec les islamistes…
Il suffit désormais de posséder dans ses bagages un chapelet ou une Bible pour être interrogé longuement par la police de l'aéroport. Est-ce normal ?
B.G. Il faut bien que les policiers fassent des vérifications. Lorsque quelqu'un vient d'Afghanistan ou du Pakistan, nous l'interrogeons aussi. Si nous soupçonnons que ces gens utilisent la religion pour déstabiliser le pays, nous les interpellons. Il y a davantage de musulmans interpellés que de chrétiens pour ces faits. Les chrétiens sont nos concitoyens. Mais les évangéliques sont venus semer le désordre. Nous ne faisons qu'essayer de freiner cette activité néfaste.
Peut-on être né algérien, musulman et se convertir au christianisme en toute liberté ?
 B.G. Aucune loi n'interdit de changer de religion. Si mon fils se convertissait au christianisme, je ne lui en voudrais pas. Je ne dis pas que ce serait facile. Mais je crois à la liberté de conscience. Le chemin vers Allah n'est pas unique mais multicolore. Vous acceptez bien que des chrétiens se convertissent à l'islam. Mais je n'accepte pas que des chrétiens achètent des consciences. 

 

 

Deux personnes sont revenues à la vie en Inde dans l’Etat d’Andhra Pradesh pendant une grande campagne d’évangélisation, annonçe J.Lee Grady, l'éditeur du magazine Charisma. Il admet avoir interviewé de nombreuses personnes qui avaient des histoires extraordinaires à raconter, mais une rencontre avec des ressuscités (comme Lazare dans la Bible) est une expérience nouvelle et étonnante.

La première personne qu’il a interviewé est la petite Jyothi Pothabathula (6 ans). Son père, Suribabu, explique qu’en chemin pour se rendre à la campagne d’évangélisation, l’enfant s’est soudain arrêtée de respirer. Il porta l’enfant sans vie sur l’estrade au moment où l’évangéliste Harry Gomes priait pour les malades, et l’enfant revint à la vie.

« Je sais que Jésus est un grand Dieu car il a ramené ma fille à la vie » dit-il. Le miracle a incité son frère et deux autres membres de la famille à donner leurs vies à Jésus.

La seconde personne, est un homme de 45 ans, Mesheck Manepally. Il assistait à une réunion de l’évangéliste Harry Gomes lorsqu’il eut un malaise et se mit à écumer. Son fils Varaprasad arrêta une ambulance pour que l’on transporte son père à l’hopital. Mais lorsque l’évangéliste entendit parler de cette urgence, il s’arrêta de prêcher et traversa la foule des 100.000 personnes rassemblées pour venir prier et imposer les mains à Mesheck Manepally qui n’avait plus de pouls et dont le corps se raidissait.

Selon le rapport que l’on peut lire dans le FaithNewsNetwork, après que Gomes ait prié et commandé à la vie de revenir dans son corps, quelques minutes ont passé et Mesheck est revenu à la vie. Il s’est assis dans le fond de la voiture où il était allongé, regardant autour de lui d’un air hébété. « Tu étais mort et voilà que tu es revenu à la vie » ont commencé à lui dire les gens qui l’entouraient. Mesheck raconte qu’il était troublé et qu’il a commencé à pleurer tellement il était reconnaissant d’être en vie.

Laxmi, l'épouse de Mesheck explique que les habitants de son village viennent rendre visite à Mesheck comme on viendrait voir Lazare. « Leur Dieu est le vrai Dieu » disent–ils.

L’Evangéliste Gomes, qui peut témoigner de cinq résurrections pendant ses 14 ans de ministère, affirme qu’à chaque résurrection, la foi des gens en est galvanisée. « Dans la bible, on nous dit que des foules sont venues non seulement pour voir Jésus, mais pour voir Lazare ressuscité. Alors que la nouvelle de ces miracles se répand, la foi de chacun est renforcée. »

Charisma/Breaking Christian News

 

 

 

 

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